Le nom du Malakim VeVaL(YaH) est constitué d’un radical composé des lettres VaV, VaV et LaMeD, à partir desquelles nous pouvons former le mot, לַוַה lawah (LaMeD– VaV–He) signifiant « accompagner » ou « se joindre » ou encore le mot לַוּוּי lawouwouy (LaMeD– VaV– VaV– YoD) désignant l’« accompagnement ». De même, nous pouvons mettre en exergue le terme lehalewoth לְהַלווֹת (LaMeD–He–LaMeD–VaV– VaV– TaV) qui signifie « prêter (de l’argent) ». Quant à la particule EL, elle place ce radical dans une perspective de relation à l’Ineffable. Pour saisir la signification profonde et l’enjeu auquel ce Malakim se réfère, nous devons donc entreprendre l’analyse symbolique des mots que nous avons tirés de son radical.

Mais auparavant, commençons d’abord par analyser les lettres le constituant ( VaV– VaV– LaMeD). En effet, nous savons que le terme VaV (VaV– VaV) désigne un crochet servant traditionnellement à établir un rapport étroit entre deux éléments, chacun étant dorénavant intimement relié à l’autre. Quant à la lettre LaMeD, elle est issue d’un ancien idéogramme représentant un aiguillon grâce auquel les conducteurs de bœufs guidaient autrefois leurs troupeaux, leur indiquant ainsi le chemin à suivre et les voies à ne pas emprunter. En ce sens, nous pouvons déjà en déduire que le radical contient l’idée de s’attacher (suggérée par le terme VaV (VaV– VaV)) à nous guider sur la voie de l’accomplissement (ce qu’évoque la lettre LaMeD). Or il est éloquent de constater que nous avons extrait du radical le terme לַוַה lawah (LaMeD– VaV–He) signifiant « accompagner » ou « se joindre » et le mot לַוּוּי lawouwouy (LaMeD– VaV– VaV– YoD) désignant « l’accompagnement ». Or celui qui accompagne s’attache en quelque sorte à l’autre et le guide précisément sur la voie de son accomplissement. Plus encore, celui qui accompagne, prête son soutien et son aide, ce que le terme הלַוַה halewah (He–LaMeD– VaV–He) semble par ailleurs évoquer. À ce titre du reste, toute la tradition biblique insiste sur la nécessité de prêter. Ainsi, nous lisons dans le livre du Deutéronome :

 » Se trouve-t-il chez toi un pauvre, d’entre tes frères, dans l’une des villes de ton pays que le Seigneur ton Dieu t’a donné ? Tu n’endurciras pas ton cœur ni ne fermeras ta main à ton frère pauvre, mais tu lui ouvriras ta main et tu lui prêteras ce qui lui manque. Ne va pas tenir en ton cœur ces mauvais propos : “Voici bientôt la septième année, l’année de remise”, en regardant méchamment ton frère pauvre sans rien lui donner ; il en appellerait au Seigneur contre toi et tu serais chargé d’un péché ! Quand tu lui donnes, tu dois lui donner de bon cœur, car pour cela le Seigneur ton Dieu te bénira dans toutes tes actions et dans tous tes travaux. Certes, les pauvres ne disparaîtront point de ce pays ; aussi je te donne ce commandement : Tu dois ouvrir ta main à ton frère, à celui qui est humilié et pauvre dans ton pays. ».

– Deutéronome XV, 7-11.

De même, le Christ déclara :

« À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos. ».

– Matthieu V, 42.

Dès lors, l’Ange Malakim VeVaL(YaH) nous invite à nous centrer sur notre essence profonde pour en rayonner la puissance dans une perspective de don, c’est-à-dire en vue de soutenir ceux qui sont dans l’indigence (les plus faibles que nous).

Évidemment, ceci aura de profondes répercussions sur le plan intérieur, sachant que ceux, qui sont dans l’indigence, peuvent également évoquer chez nous, les dimensions profondes de notre être qui sont encore placées sous l’emprise de l’ego, la puissance de l’être véritable venant dès lors les éclairer et les vivifier. À un autre niveau, VeVaL(YaH) nous amène, en outre, à rayonner la puissance de l’amour dans une perspective de don, éclairant l’autre et l’amenant lui aussi à s’éveiller pour exprimer à son tour, les puissantes réalités de l’amour.

En effet, si Jean-Paul Sartre avait raison d’affirmer qu’ » il suffit qu’un seul homme en haïsse un autre pour que la haine gagne de proche en proche l’humanité tout entière ! « ,

Il est également juste de dire qu’ »il suffit qu’un seul homme en aime un autre, pour que l’amour gagne de proche en proche l’humanité tout entière ! ».

À ce titre, en adjoignant à la racine (LaMeD– VaV) la lettre YoD, nous obtenons le mot לוי Lévi (LaMeD– VaV –YoD), le nom d’un personnage célèbre dans la mythologie biblique. En effet, les exégètes nous précisent que ce nom lui fut donné en raison de l’exclamation de sa mère au moment de sa naissance :

 » Cette fois, mon mari s’attachera à moi. »

– Genèse XXIX, 34.

 » Elle l’appela donc Lévi : de l’hébreu lâwâh, לַוַה (LaMeD– VaV–He) “s’attacher à” ou “se joindre à”. Le rédacteur inspiré des Nombres qui traitera des fonctions confiées par la Loi mosaïque aux lévites, descendance traditionnelle de Lévi, justifiera la même étymologie populaire :

« Laisse approcher avec toi [du Sanctuaire] tes frères de la tribu de ton père, […] pour qu’ils te soient adjoints”, fait-il dire à Dieu s’adressant à Aaron, son prêtre. « .

– Gérard, André-Marie, Dictionnaire de la Bible, op. cit.

Plus spécifiquement, les Lévites sont traditionnellement attachés au service divin comme le déclare Dieu lui-même à Moïse :

 » C’est ainsi que tu mettras à part les Lévites, du milieu des Israélites pour qu’ils m’appartiennent. Les Lévites commenceront alors à faire le service de la Tente du Rendez-vous. « .

– Nombres VIII, 14-15.

Nous pourrions donc voir dans cette fonction sacerdotale l’un des enjeux du Malakim VeVaL(YaH) consistant à nous inciter à rayonner la puissance de l’Esprit dans une perspective de don, éclairant et soutenant les autres (le peuple d’Israël) pour les guider sur le chemin du Seigneur (celui de la ressemblance).