L’APÔTRE DU LION :

« Homme noble éclairant la conscience de ceux qui l’entourent grâce à l’éclat irradiant de l’esprit qui l’anime ».

 La tradition de l’hermétisme associe saint Pierre au signe du Lion. Surnommé « le prince des apôtres », il apparaît dans les évangiles comme étant celui qui parle ou agit au nom des douze. Cette primauté lui fut d’ailleurs confirmée par le Christ lui-même. En effet, lorsqu’il interrogea ses apôtres sur sa véritable nature,

“ Simon-Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. « En réponse, Jésus lui dit : « Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux. Eh bien ! moi je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les Portes de l’Hadès ne tiendront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié. » ”.

– Matthieu XVI, 16-19.

Pierre représente donc l’homme qui, missionné par Dieu pour lui rendre témoignage, est investi des pouvoirs correspondants.

    Ainsi, c’est lui qui fut “ constitué par Jésus « Premier ministre » de son Eglise, dont il devra gouverner non seulement la masse des fidèles mais les officiels eux-mêmes. Quant au pouvoir de lier et de délier, il implique bien le pardon des péchés, mais on ne saurait l’y restreindre ; il désigne toute une activité de décision et de législation, dans la doctrine comme dans la conduite pratique, qui n’est rien moins que l’administration de l’Eglise en général. ”.

– Père Benoît, Exégèse et théologie, Editions du Cerf, Paris.

En ce sens, c’est également lui qui prit la parole au nom des apôtres, après l’épisode de la Pentecôte. Or nous savons que cette prédication connut un grand succès puisqu’il

« s’adjoignit ce jour-là environ trois mille âmes. ».

– Acte II, 41.

Nous retrouvons donc la vertu du témoignage incarnée par cet apôtre, une vertu qui éclaire la conscience des autres en les invitant à s’éveiller à leur tour aux forces divines dont ils sont porteurs.

    Enfin, La Légende dorée présente saint Pierre comme le prince des apôtres et comme le fondateur de l’Eglise. Elle lui attribue également un grand nombre de miracles. Toutefois, la plupart des épisodes le concernant sont marqués par l’intervention intempestive de Simon le Magicien qui mena inlassablement contre lui une lutte continuelle. En effet, Jacques de Voragine nous rapporte qu’il y avait à Jérusalem “ un magicien, nommé Simon, qui se disait être la première vérité ; il avançait que ceux qui croyaient en lui devenaient immortels ; enfin il prétendait que rien ne lui était impossible. On lit aussi dans le livre de saint Clément, que Simon avait dit : »Je serai adoré comme un Dieu ; on me rendra publiquement les honneurs divins, et tout ce que j’aurai voulu faire, je le pourrait. » ”. – Voragine, Jacques de, La Légende Dorée, GF-Flammarion, Paris, 1967.

    En fait, Simon le magicien constitue l’antithèse de saint Pierre, incarnant les traits de celui qui utilise les pouvoirs dont il dispose à des fins purement égocentriques afin de satisfaire un orgueil démesuré (sa mégalomanie spirituelle). Ainsi, le combat entre Pierre et Simon le magicien illustre l’utilisation positive et négative du pouvoir spirituel : l’un étant totalement mis au service des œuvres divines, sans idée de contrepartie, alors que l’autre est assujetti au joug d’un ego toujours avide d’accroître sa propre puissance. Saint Pierre incarne dès lors le moi spirituel porteur d’amour alors que Simon le magicien est une évocation éloquente de l’ego et de ses convoitises.