« Homme sensitif capable de se nourrir exclusivement des ressources de l’esprit ».
La tradition de l’hermétisme chrétien associe saint Thaddée au signe du Cancer.1 Or nous le voyons principalement intervenir au cours de la Cène :
« Judas – pas l’Iscariote – lui dit :
« Seigneur, et qu’est-il advenu, que tu doives te manifester à nous, et non pas au monde ? ».
Jésus lui répondit :
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui. ».
Jean XIV, 22-23
Ces paroles du Christ sont d’ailleurs fort éloquentes puisqu’elles le désignent déjà comme étant l’incarnation privilégiée d’une capacité à être à l’écoute de l’esprit (incarné par le Père) pour ainsi assurer le développement d’une conscience nouvelle (symbolisée par le Christ).
Par ailleurs, La Légende dorée nous rapporte à son propos l’existence d’un roi malade, nommé Abgare, qui demanda un jour à Jésus de lui rendre visite. Le Maître lui écrivit donc une lettre lui répondant qu’après son ascension, Il lui enverrait l’un de ses disciples pour le guérir. Abgare sollicita alors un portrait afin de contempler, au moins dans son image, celui qu’il ne pouvait voir en personne. Aussi, le Christ prit un linge et, l’appliquant sur sa figure, y imprima ses traits. Il l’envoya ensuite au roi. Or, lorsque le Christ monta au ciel, « l’apôtre saint Thomas envoya Thaddée, autrement dit Jude, au roi Abgare, pour accomplir la promesse de Dieu. Arrivé auprès d’Abgare, après qu’il eut déclaré être le disciple promis par Jésus-Christ, le roi vit dans le visage de Thaddée, une splendeur admirable et divine.
A cette vue, stupéfait et effrayé, il adora le Seigneur en disant : « Vraiment vous êtes le disciple de Jésus, Fils de Dieu, qui m’a écrit : « Je vous enverrai quelqu’un de mes disciples pour vous guérir et vous donner la vie. ». Thaddée lui dit : « Si vous croyez au Fils de Dieu, vous obtiendrez tout ce que votre cœur désire »… Or, comme Abgare était lépreux, lit-on en quelques livres, Thaddée prit la lettre du Sauveur, en frotta la face du roi et aussitôt il recouvra la santé la plus parfaite. ».
– Voragine, Jacques de, La Légende Dorée, GF-Flammarion, Paris, 1967.
Au niveau symbolique, le roi Abgare nous incarne évidemment prenant conscience de notre filiation divine (de notre origine céleste). A ce titre d’ailleurs, le nom Abgare signifie en hébreu « mon père était un étranger ». Il représente donc celui qui découvre qu’il n’appartient pas à ce monde bien qu’il soit dans le monde. Ayant ainsi accédé à son essence profonde, il ne put cependant y puiser les ressources spirituelles nécessaires à sa parfaite harmonisation (il était malade). Pour y arriver, il dut entreprendre un travail de transmutation psychique, de manière à ce que son âme puisse refléter et rendre ainsi accessibles au corps les forces de l’esprit. En ce sens, il demanda au Christ une image afin qu’en la méditant, son plan psychique puisse s’en imprégner (comme le linge s’imprégna du visage du Christ).
Il y réussit d’ailleurs puisqu’à la vue de Thaddée, il reconnut aussitôt l’apôtre du Christ. Ayant donc pleinement harmonisé sa dimension psychique aux influences spirituelles, il put dès lors avoir accès à la grâce divine. En effet, répondant à l’invitation de Thomas, il plaça sur son visage la lettre qu’il avait reçue du Christ et il fut instantanément guéri. Cette lettre symbolisait, une fois encore, la sensibilité psychique que le roi dut développer pour s’harmoniser pleinement aux réalités de l’esprit et être ainsi guéri.