L’APÔTRE DE LA BALANCE EST SAINT JACQUES LE MAJEUR
« Homme sensible laissant parler son cœur et sachant que seul l’amour peut lui permettre de transcender sa condition terrestre ».
La tradition de l’hermétisme associe saint Jacques le Majeur au signe de la Balance. Or l’évangile selon saint Luc nous rapporte à son propos que le Christ le surnomma
« Fils du Tonnerre » (au même titre que son frère Jean) en raison du fait qu’il avait voulu faire descendre un feu justicier (le feu du ciel) sur une cité inhospitalière. En effet, devançant le Christ, des disciples “ entrèrent dans un village samaritain pour tout lui préparer. Mais on ne le reçut pas, parce qu’il faisait route vers Jérusalem. Ce que voyant, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions au feu de descendre du ciel et de les consumer ? » Mais, se retournant, il les réprimanda. ”.
– Luc IX, 52-55.
Dans ce récit, saint Jacques incarne donc un sens marqué de la justice (une justice qui, ne s’alliant pas aux valeurs du cœur, devient toutefois vengeresse, suscitant ainsi la réprimande du Christ).
A un autre niveau, Jérusalem est également une image symbolique évoquant le siège de la conscience. En n’accueillant pas le Christ (représentant les forces de l’amour) parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem (parce que cet amour va s’incarner au niveau de la conscience et s’exprimer dans le monde de manière tangible), les habitants de la cité inhospitalière évoquent donc tous ceux qui demeurent incapables d’effectuer un renversement de conscience leur permettant de découvrir que, sans l’amour, ils ne peuvent se sauver eux-mêmes et participer ainsi aux réalités divines. En réagissant violemment contre cette attitude, saint Jacques nous révèle à son tour qu’il incarne l’antithèse d’une telle attitude.
Par ailleurs, parce qu’il fut le premier des apôtres à verser son sang pour le Christ, il personnifie également l’étape où nous prenons conscience que nous ne pouvons atteindre par nous-mêmes notre propre déification. Nous devons donc nous offrir librement et authentiquement à l’autre pour nous ouvrir aux forces de l’amour et ainsi participer aux réalités divines. Une tradition recueillie par saint Clément d’Alexandrie rapporte, à ce titre, que le garde de saint Jacques fut gagné par son témoignage. En effet, il demanda pardon à l’apôtre qui l’embrassa en lui disant : « la paix soit avec toi » et tous deux eurent la tête tranchée. Ce garde symbolise évidemment celui qui a su accomplir en lui le renversement de conscience incarné par saint Jacques.
Enfin, Jacques de Voragine nous rapporte dans La Légende dorée que cet apôtre eut à lutter contre les pouvoirs magiques d’un certain Hermogène. En effet, après plusieurs attaques où saint Jacques fut à chaque fois vainqueur, Hermogène se retrouva ligoté par ses propres démons, totalement impuissant, et il fut remis entre les mains du disciple pour que celui-ci décide de son sort. L’apôtre le libéra alors sans le châtier et sans exiger de lui qu’il se convertisse, déclarant simplement : « Nous n’avons pas pour principe de convertir quelqu’un malgré soi. ». Cet épisode se termina par la conversion d’Hermogène.
Dans ce récit, le méchant magicien symbolise évidemment celui qui, piégé par son ego, est impuissant à se sauver lui-même (il est ligoté par ses propres démons, c’est-à-dire par ses pulsions égocentriques et instinctuelles). Sa rencontre avec l’apôtre s’avéra toutefois salvatrice puisqu’elle l’amena à s’ouvrir aux valeurs de l’amour qu’il sut reconnaître dans l’attitude de saint Jacques. En effet, celui-ci le libéra sans le châtier et sans rien exiger de lui (même pas sa conversion). Ce fut pour Hermogène une révélation et un bouleversement qui transformèrent son âme en court-circuitant les élans de son ego.