ANALYSE KABBALISTIQUEMENT DE :

Le nom du Chérubin HaHÂ (YaH) est constitué d’un radical composé des lettres He, He et AYiN qui ne forment entre elles aucun mot hébreu significatif. Pour cerner  l’enjeu propre à ce Chérubin, nous devrons donc focaliser notre étude sur l’analyse symbolique des lettres présentes  au sein du radical à l’origine de son nom. Or nous savons que la lettre He est issue d’un ancien idéogramme représentant une fenêtre. Quant à la lettre AYiN, elle est issue d’un ancien idéogramme évoquant un œil. Voyons donc ce que nous pouvons tirer de la juxtaposition de ces deux entités symboliques.

En, ce qui concerne tout d’abord la lettre He, elle se réfère donc à l’idée d’une fenêtre, c’est-à-dire d’« une ouverture faite dans un mur,  une paroi, pour laisser pénétrer la lumière et l’air » – Définition extraite du Petit Robert.  

 C’est sans doute  pourquoi elle fut très tôt associée, dans la tradition kabbalistique, à une importante fonction spirituelle: celle d’amener l’homme à s’ouvrir à la divinité. Plus encore,  l‘ouverture en question est directement mise en relation avec la lumière et l’air. Or la lumière incarne traditionnellement la connaissance divine qui illumine la conscience humaine, dissipant ainsi toutes formes de ténèbres qui pourraient l’obscurcir. En laissant passer la lumière, la fenêtre est donc  étroitement associée  à la transmission d’une connaissance illuminative (d’une connaissance divine). Quant à l’air, qui renouvelle l’oxygène indispensable à la vie, il évoque traditionnellement la force de vie insufflée par l’Esprit au sein du créé. En ce sens, la lettre He incarne un processus par lequel la puissance Divine, en tant que force illuminative (évoquée par la lumière) et vivificatrice (évoquée par l’air), nous investit, éclairant notre  entendement et nous insufflant une force nouvelle.

Quant à la lettre AYiN, elle est issue d’un ancien idéogramme représentant un œil. Or l’œil a toujours été  considéré comme  un lieu d’expression de l’essence profonde de l’être. Dans son Cours de Magnétisme personnel, Henri Durville écrit même en ce sens: « l’œil extériorise notre véritable personnalité; le regard amène au jour toute notre vie intime…La parole peut mentir; elle peut narguer le sentiment intime de celui qui veut le cacher par pudeur ou par duplicité; le regard est contraint à la franchise: il parle quand les lèvres se ferment; ». Plus encore, en exprimant l’essence profonde de l’être, l’œil possède également le pouvoir de transmettre une force. Emerson affirme en ce sens: « L’œil peut menacer comme un fusil chargé et qui vous met en joue, il peut insulter comme un sifflement ou un coup de pied et sous une autre impression, par des regards de tendresse, il .peut faire bondir le cœur de joie… Quel flot de vie et de pensée se décharge par les yeux d’une âme dans une autre ! Le regard  est un pouvoir magique naturel…

Dans la même perspective, ajoutons que le terme AYiN (AYiNYoDMeM) désigne aussi  « la Source ». Or, en remontant des profondeurs de la terre pour jaillir à la clarté du jour, la source rejoint précisément le symbolisme de l’œil en tant que lieu d’expression visible et tangible de l’essence profonde de l’être. En outre, en remontant des profondeurs de la terre, la source est censée en rapporter la puissance dont elle se charge. Les sources étaient même tenues, dans de nombreuses cultures antiques, pour des lieux particulièrement sacrés, source de purification  et de guérison. Ainsi, « le culte des fontaines et des sources est resté très vivace dans les pays celtiques actuels, en Bretagne particulièrement, où on leur attribue communément sous  le  patronage de sainte Anne très souvent, et de Notre-Dame plus souvent encore, des vertus curatives valables pour les maladies les plus diverses, de la fièvre à la maladie cutanée. Mais le culte des sources existait déjà en Gaule où  l’on connaît plusieurs divinités des sources thermales... ». – Chevalier, Jean, Gheerbrant, Alain, Dictionnaire des Symboles, Robert Laffont, Paris, 1982.

 Associée à l’œil et à la source, la lettre AYiN incarne donc un processus par lequel les forces profondes et secrètes  des mondes intérieurs surgissent et apparaissent de  manière tangible et visible à la clarté du monde extérieur.

Dès lors, lorsque le He mobilise l’AYiN, il évoque la puissance divine qui, en tant que force illuminative et vivificatrice, nous investit, éclairant notre entendement (symbolisme de la lettre He)  en nous révélant de manière tangible et visible les forces profondes et secrètes qui nous animent en notre for intérieur (symbolisme de là lettre AYiN). En ce sens, nous pouvons même en déduire que le Chérubin HaHÂ (YaH)  nous amènera à nous ouvrir à Dieu en accueillant Sa puissance qui, en tant que force illuminative et vivificatrice, nous révélera des énergies jusqu’alois endormies au plus profond de notre être, stimulant ainsi leur expression tangible et visible.

De manière plus concrète, Dieu étant amour, nous pourrions  prendre, pour illustrer l’action de ce Chérubin HaHÂ (YaH), l’exemple de l’homme qui, touché par la grâce de l’amour, assiste au réveil en lui de forces insoupçonnées l’amenant à poser des gestes dont il aurait été incapable en temps ordinaire. Ainsi en est-il de l’amant qui se jette à l’eau  pour sauver sa fiancée de la noyade et qui réussit alors qu’il savait à peine nager. Pour celui qui aime, rien n’est en effet impossible puisqu’il est dés lors animé d’une force extraordinaire qui le transforme en héros, véritable chevalier dont chaque acte devient un exploit.