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LE SIGNE DU SCORPION : SON MYTHE GREC.
ORION
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La mythologie grecque nous rapporte qu’Apollon voyait d’un très mauvais œil l’intérêt que sa sœur jumelle, Artémis, portait à Orion, un beau mortel. Un jour qu’il craignait le pire, il envoya un énorme scorpion, à la poursuite d’Orion. Le jeune homme attaqua l’animal avec ses flèches puis avec son épée, mais le scorpion gagnait du terrain. Il ne lui resta donc plus qu’un seul recours : plonger dans la mer vers l’île de Délos où il trouverait certainement protection. Toutefois, Apollon, voyant cela, appela sa sœur et lui montra dans le lointain une forme sombre qui flottait sur l’océan, en la défiant de traverser ce paquet avec ses flèches.
Relevant le défi, Artémis banda son arc et atteint Orion en plein coeur. Puis, elle se jeta à l’eau pour constater, à son grand désespoir, qu’il s’agissait de son amant. Elle implora donc Asclépios de le ressusciter mais son bien aimé fut anéanti par la foudre de Zeus avant même que le médecin ait eu le temps d’agir. Artémis plaça alors son effigie dans le ciel où il est toujours poursuivi par le scorpion.
D’un point de vue symbolique, Orion évoque en l’homme sa force désir. Quant à Artémis (la déesse de la Lune), elle incarne la conscience corporelle alors qu’Apollon (le dieu du Soleil) symbolise la conscience spirituelle. Le rapport de complicité existant entre Artémis et Orion illustre donc fort bien l’affinité naturelle existant entre le désir et la conscience corporelle. Toutefois, Apollon craignit les effets possibles de cette affinité. En effet, il savait qu’Orion (la force du désir) pourrait briser l’union harmonieuse existant entre lui et sa sœur (entre la conscience spirituelle et celle du plan terrestre), cette force du désir pouvant détourner l’homme des réalités spirituelles pour le focaliser exclusivement sur les réalités matérielles.
Le scorpion (envoyé par Apollon) incarnait, quant à lui, un pouvoir d’épuration et de transmutation dont la conscience spirituelle est vectrice. A ce titre, cet animal était déjà adoré, en Egypte antique, sous la forme de la déesse Selket représentée comme un scorpion à tête de femme ou comme une femme portant sur la tête l’image du scorpion. Or cette déesse était pour les Egyptiens une « personne bienveillante, puisqu’elle donnait pouvoir sur ses manifestations terrestres aux charmeurs de Selket, vieille corporation de sorciers guérisseurs. ».1 Nous retrouvons donc ce pouvoir de transmutation associé au scorpion (la maladie étant toujours la conséquence d’une attitude déviante par rapport aux lois cosmiques et divines).
En plaçant un scorpion à la poursuite d’Orion, c’est une véritable œuvre de transmutation du désir qui fut entreprise. Enfin, cerné de toute part, Orion plongea alors dans la mer pour rejoindre l’île de Délos. En d’autres termes, sous l’action transmutatoire opérée par la conscience spirituelle, la force du désir fut progressivement amenée à se placer sous la tutelle du cœur (évoquée par l’île de Délos). Ce faisant, la conscience corporelle (Artémis) lui ôta, de manière naturelle et spontanée, toute capacité à s’exprimer en tant que telle. Certes, elle tenta, par la suite, de la restituer dans sa fonction première mais, sous la lumière de l’esprit (illustrée par la foudre de Zeus), celle-ci fut totalement alchimisée : elle quitta donc la dimension psychique, son lieu d’expression habituel, pour s’élever et œuvrer désormais sur les plans spirituels (symbolisme de la constellation céleste du même nom).
- 1 – Posener G., (en collaboration avec Serge Sauneron et Jean Yoyotte), Dictionnaire de la civilisation égyptienne, Paris, 1959.