
L’APÔTRE CORRESPONDANT AU SIGNE DU SCORPION
SIMON “LE ZELOTE”
“Homme passionné qui, libéré du joug de ses pulsions instinctuelles, incarne une transparence émotionnelle où toute opacité a disparu”.
La tradition de l’hermétisme associe saint Simon, surnommé “le Zélote”1, au signe du Scorpion. Or les Zélotes formaient une secte juive dont les membres, “zélés” pour la stricte observance de la loi mosaïque, étaient de redoutables fanatiques ultra-nationalistes. Ils s’insurgeaient donc violemment contre la domination romaine. Assujettis au pouvoir de leurs “sicaires”, des extrémistes portés à l’usage du poignard (en latin sica), ils furent, à titre d’exemple, les instigateurs de la désastreuse révolte juive des années 66 à 73. Associé à l’apôtre Simon, le terme “zélote” n’implique pas cependant qu’il ait appartenu à cette secte, mais seulement qu’il était animé d’une ardeur extrême pour servir le Christ. Matthieu et Marc le surnomment d’ailleurs “le Cananéen”, ce qu’il faut probablement entendre à travers l’araméen quan’anjja, un mot signifiant également “zélé”.
Quoiqu’il en soit, les évangiles ne nous apprennent rien de très précis sur la personne de Simon. Nous savons seulement que la tradition chrétienne le cite toujours aux côtés de Thaddée (associé au signe du Cancer, signe en trigone avec celui du Scorpion). Toutefois, Jacques de Voragine, dans la Légende dorée nous rapporte d’étonnants exploits à son propos. Parmi ceux-ci, citons celui où un général d’armée, nommé Baradach, voulut consulter les dieux avant de partir pour combattre les Indiens. Les dieux restant muets, le général convoqua alors Simon et Thaddée, les priant de bien vouloir lui dévoiler l’issue de la guerre. “ Les apôtres lui dirent : “Afin que vous sachiez que vos dieux sont des menteurs, nous leur ordonnons de répondre à vos demandes et, en disant ce qu’ils ignorent, nous allons prouver qu’ils ont menti en tous points.” Alors les prêtres des idoles prédirent une grande bataille dans laquelle beaucoup de monde serait massacré de part et d’autre. Les apôtres se mirent alors à rire, et le général leur dit : “Moi, je suis saisi de crainte, et vous, vous riez ?”. Les apôtres répondirent : “Ne craignez rien, car la paix est entrée ici avec nous, et demain, à la troisième heure, les ambassadeurs des Indiens viendront vous trouver, faire leur soumission et implorer la paix.”[…] Le lendemain donc, ce que les apôtres avaient prédit s’étant réalisé, et le général ayant voulu faire brûler les prêtres, il en fut empêché par les apôtres qui avaient été envoyés non pour tuer les vivants, mais pour ressusciter les morts. ”.2
Sur un plan symbolique, ce général d’armée qui se prépare à la guerre contre les Indiens nous personnifie très clairement, nous souhaitons entreprendre une alchimie de notre personnalité afin de la délivrer de l’emprise de ses pulsions instinctuelles (incarnées par les Indiens). Deux solutions s’offrent alors à nous. La première, proposée par les prêtres des idoles (évoquant la conscience alliée à l’Esprit du monde), consiste à user de brutalité et de violence au risque de sombrer dans une vaste dynamique de destruction. Cette solution suggérée par les prêtres est évidemment l’antithèse de la seconde incarnée par l’apôtre. En effet, la solution qu’il proposa ne s’inscrivait pas dans une dynamique de destruction, mais dans une perspective de transmutation. Ainsi, les indiens n’ont pas été exterminés, mais simplement soumis à l’autorité du général. Saint Simon permit donc leur transmutation grâce à la puissance de l’amour (la puissance du Christ dont il était investi). Effectivement, les forces instinctuelles furent alors ramenées sous la tutelle de l’esprit sans aucune lutte.
- 1 – Luc VI, 15.
- 2 – Voragine, Jacques de, La Légende Dorée, GF-Flammarion, Paris, 1967.