LE MYTHE GREC DE MERCURE :

LE DIEU HERMES

 Dans la mythologie grecque, Mercure correspond au dieu Hermès. Or les Grecs nous rapportent à son sujet qu’il « transmet aux mortels les ordres du maître des dieux. Il est porte-parole attitré et courrier personnel de Zeus. Sitôt ouï le message de son père, il chausse ses sandales brodées d’or, qui le portent au bout du monde, au gré du souffle des vents, il saisit le magique caducée, il se hâte vers Gibraltar ou le Caucase et répète, avec une excellente mémoire et sur le ton le plus amène, les paroles agréables ou non dont il est chargé. ».1

      Cette fonction de médiation entre Zeus et les hommes est une illustration remarquable de l’association étroite existant entre Hermès et le mental dont la principale fonction consiste précisément à unir le plan spirituel (symbolisé par Zeus) au plan matériel (celui des hommes). Pour accomplir dignement cette tâche, il doit cependant être libéré de l’attraction du monde et pouvoir ainsi s’orienter vers les plans supérieurs.

    Cette disposition particulière est d’ailleurs symbolisée par les sandales ailées d’Hermès, représentant son détachement face aux réalités terrestres, et par son chapeau, également ailé, évoquant un intellect apte à s’ouvrir aux réalités supérieures. L’intellect désigne alors l’intelligence illuminée par l’esprit et non pas la raison, la faculté de penser ou l’intelligence rationnelle. A ce titre, saint Augustin écrivait déjà à son époque : « Autre est l’intellect, autre est la raison. ».

Ayant donc plus qu’une fonction de médiation, le mental ainsi éveillé devient en fait le lieu d’une véritable révélation. C’est du reste ce que représente le caducée d’Hermès, cette baguette d’or ailée autour de laquelle s’enroulent deux serpents. En effet, la tradition nous enseigne que ce caducée confère une connaissance transcendante provenant des mondes spirituels. Transmise intégralement par un intellect parfaitement fidèle à l’esprit, elle réveille alors la personnalité en lui indiquant la voie de sa rédemption.

       C’est pourquoi Homère nous rapporte qu’Hermès « saisit la baguette au moyen de laquelle il charme à son gré les yeux des mortels ou réveille ceux qui dorment. ».2 En effet, cette affirmation, parfaitement explicite, désigne bien l’illumination de la conscience dont Mercure est porteur. En effet, les yeux de l’homme s’ouvrent alors sur des réalités spirituelles qui le fascinent et le troublent à la fois. Une union toujours plus intime entre la personnalité et l’esprit s’amorce donc, donnant naissance à une conscience nouvelle caractérisée par sa puissance de réconciliation et son affinité avec l’amour.

    Ainsi, la principale fonction d’Hermès consiste à favoriser une noce mystique et intérieure. Son travail de médiation est donc particulièrement important. Or nous savons qu’il est un messager ayant pour tâche de transmettre aux dieux les requêtes et les prières des hommes et de communiquer aux hommes la réponse des dieux. Sur un plan symbolique, cette fonction nous rappelle certes l’importance d’un intellect parfaitement libre de l’emprise du plan terrestre (il se fait alors écho de la parole des dieux). Cependant, Hermès doit également être parfaitement à l’écoute de la personnalité (symbolisée par les hommes) afin de transmettre correctement ses requêtes et ses besoins à l’esprit (représenté par les dieux). En ce sens, la médiation mercurienne implique une considération égale pour les deux parties en cause, leur volonté ne devant en aucune manière être déformée ou travestie par le médiateur qui doit, en conséquence, agir en toute objectivité et en toute impartialité (sans parti pris).

1 – Bonnard, André, Les Dieux de la Grèce, op. cit.

2 – Bonnard, André, Les Dieux de la Grèce, op. cit.