L’APÔTRE DE LA VIERGE :

« Homme humble se plaçant au service des autres et n’hésitant pas à donner le meilleur de lui-même dans un constant souci de perfection ».

    La tradition de l’hermétisme associe l’apôtre Matthieu au signe de la Vierge. Or les textes bibliques nous rapportent à son propos qu’il appartenait à la classe des agents du trésor public (d’où le terme de « publicain » qu’on lui associe parfois). Il collectait donc les taxes et les impôts pour l’occupant romain ou pour les tétrarques (tel qu’Hérode). Aussi, il disposait nécessairement d’une bonne aptitude à classifier et d’un certain souci du détail, de la précision et de l’exactitude (des qualités caractérisant le signe de la Vierge). Ceci se reflète d’ailleurs au niveau du style même de son évangile. En effet, l’auteur de ce texte manifeste peu de goût pour le récit pittoresque, appréciant davantage l’ordre et les ensembles logiques et structurés.

    En outre la charge qu’il remplissait impliquait également une capacité à se mettre au service de la collectivité. Cette aptitude se confirma d’ailleurs puisqu’à l’invitation du Christ, il abandonna son emploi pour le suivre. Ce n’est donc plus au service de l’Esprit du monde (évoqué par l’empire romain) mais au service du Christ qu’il œuvra désormais.

Le repas qu’il lui offrit suite à sa conversion peut également s’interpréter comme une illustration du fait qu’il sut mettre ses acquis à la disposition des autres.

1 – Luc V, 29.

L’étonnement indigné des scribes et des pharisiens devant le fait que Jésus accepta l’hospitalité de Matthieu (les agents du Trésor public étant méprisés par la plupart des Juifs) leur valut d’ailleurs cette remarque :

“ Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades ; ce ne sont pas les justes, mais les pécheurs, que je suis venu appeler au repentir. ”.

– Luc V, 31-32.

Or cette allusion à la nécessité de guérir les malades est d’autant plus intéressante qu’elle évoque l’épuration de la personnalité nécessaire à une meilleure adéquation avec l’esprit (ce que le signe de la Vierge nous rappelle). Enfin, la maison VI, correspondant à ce signe, nous indique également les maladies (leur nature et la manière dont elles se manifestent) et, plus généralement encore, toutes les préoccupations concernant l’hygiène et la santé.

    Enfin, parmi les fabuleux exploits évoqués dans La Légende dorée, citons cet épisode où, après avoir fait une prière, saint Matthieu ressuscita un jeune homme. Apprenant la nouvelle, tous ceux qui le purent vinrent à sa rencontre

“ avec des couronnes d’or et différentes victimes dans l’intention d’offrir des sacrifices à Matthieu, mais celui-ci les en empêcha en disant : « 0 hommes, que faites-vous ? Je ne suis pas un Dieu, je suis seulement le serviteur de Notre Seigneur Jésus-Christ. ». Alors avec l’argent et l’or qu’ils avaient apportés avec eux, ces gens bâtirent, par l’ordre de l’apôtre, une grande église… ”.

  •  Voragine, Jacques de, La Légende Dorée, GF-Flammarion, Paris, 1967.

Dans ce récit, l’apôtre incarne bien l’œuvre de guérison directement associée aux enjeux du signe de la Vierge. Il évoque également l’attitude de celui qui sait prendre de la distance par rapport aux revendications de son ego, essentiellement focalisé sur l’accroissement de son pouvoir, de son avoir et de son valoir. En effet, Matthieu se défendit bien de prendre à son compte le fait d’avoir ressuscité le fils du roi en niant clairement être un dieu. Plus encore, il se fit alors serviteur du Christ (ne se plaçant plus sous l’autorité de l’ego mais sous celle de l’esprit) en offrant tous ses acquis (symbolisés par l’argent et l’or que lui apporte le peuple) au service des autres. En effet, il fit construire une église avec les dons reçus.