LE SIGNE DU CAPRICORNE, LE MYTHE GREC LUI CORRESPONDANT

LE SIGNE DU CAPRICORNE: LE MYTHE GREC LUI CORRESPONDANT

ATLAS

    La mythologie grecque nous rapporte qu’au cours d’un combat entre Zeus et les Titans, Atlas se rangea du côté de ces derniers. Il fut alors condamné à porter l’univers sur son dos. C’est pourquoi il fut souvent appelé « celui qui porte », « celui qui supporte », ou encore « le gardien des colonnes des cieux ». Or la mythologie nous apprend également qu’au moment où Héraclès amorçait une nouvelle épreuve, il demanda à Atlas le chemin menant au jardin des Hespérides pour y cueillir les pommes d’or. Atlas lui proposa alors spontanément d’aller chercher les fruits à sa place car le dragon qui les gardait n’obéissait qu’à lui. Héraclès accepta donc son offre et le remplaça temporairement dans le soutien du monde. A son retour, il refusa cependant de reprendre son fardeau et Héraclès dut utiliser une ruse pour l’y contraindre.

    Sur un plan symbolique, Zeus incarne ici la divinité qui régit et organise l’univers, le rendant propice à l’éveil et au maintien de la vie. Nous pourrions donc l’associer au principe de néguentropie cher à certains de nos contemporains. En effet, l’apparition et le développement de la vie, c’est-à-dire la victoire de l’animé sur l’inanimé, seraient intimement liés à un certain telos, à une volonté qui en assurerait l’organisation. C’est la néguentropie. En tant qu’antithèse de Zeus, les Titans incarnent, quant à eux, les forces du chaos contribuant à la désorganisation et à la néantisation de l’univers. En ce sens, ils évoquent le principe d’entropie, de désordre croissant. En se rangeant du côté des Titans, Atlas incarna donc une pulsion mortifère caractéristique du Capricorne, consistant à refuser d’accomplir la volonté divine (celle de Zeus) au risque d’être victime des forces de la néantisation (évoquées par les Titans).

    Toutefois, en agissant ainsi, Atlas fut condamné à porter le fardeau du monde. Or c’est là un autre aspect maléficié du Capricorne : celui d’assumer des responsabilités dont on n’a pas voulu la charge mais qu’on ne peut cependant refuser car elles semblent incontournables (c’est le poids du monde qu’Atlas porte sur ses épaules). D’ailleurs, pour Gaston Bachelard, Atlas « focalise la résistance de l’être qui se révolte contre le sort ». Toutefois, il se sent paradoxalement obligé de veiller sur le monde, de le tenir envers et contre tout, en assumant l’écrasante responsabilité de cette tâche. Il en résulte un complexe (que Bachelard nomme le « complexe d’Atlas ») représentant « l’attachement à des forces énormes […], inoffensives, voire à des forces qui ne demandent qu’à aider leur prochain. […] On aide parce qu’on est fort, parce qu’on croit à sa force, parce qu’on vit dans un paysage de la force ». « Le meunier qui est fort en vient à porter son âne » ajoute l’auteur.

    Toutefois, sa rencontre avec Héraclès fut une occasion d’accéder aux réalités divines (incarnées par les trois pommes d’or conférant la jeunesse perpétuelle). En d’autres termes, il fut alors confronté à une expérience pouvant lui permettre de se libérer de sa situation en offrant à l’esprit (évoqué par le moi supérieur incarné par Héraclès) les richesses spirituelles auxquelles il avait accès (le dragon-gardien obéissant à sa volonté). Dans ce but, il n’aurait rien conservé pour lui-même, incarnant ainsi un dépouillement parfait. Cependant, le mythe nous précise que, de retour au jardin, il ne voulut pas reprendre son fardeau et remettre à Héraclès les pommes d’or. Une fois encore, il refusa d’assumer son destin mais, ne pouvant y échapper, il se retrouva à nouveau en train de porter sur ses épaules le poids du monde et cela dura jusqu’à la fin des temps.