Sur un plan symbolique, Saturne est représenté par une croix surmontant un croissant qui s’ouvre vers la gauche selon un axe horizontal. Or nous savons que ce croissant représente l’âme s’éveillant aux réalités du monde extérieur, cette ouverture s’inscrivant dans une perspective de retour aux sources. Quant à la croix, nous avons vu qu’elle représente la matière. Dès lors, le symbole de Saturne évoque un processus de contraction ou de fixation par lequel l’âme humaine passe des mondes subtils au monde de la finitude et du créé, au monde de l’espace et du temps.
Dans la même perspective, il est d’ailleurs éloquent de remarquer que le symbole de Saturne s’apparente à celui d’une faucille (un objet avec lequel Cronos émascula son père Ouranos). Or la faucille limite et fixe le développement des formes en coupant et en fauchant. En ce sens, elle a toujours été le symbole du temps. En effet, grâce à son action, l’infini cède la place au fini et l’indéterminé au déterminé. Plus encore, en moissonnant ce qui a été semé, elle évoque une capacité à extraire des expériences vécues les leçons utiles à l’épanouissement personnel.
Toutefois, sous sa forme maléficiée, ce symbole nous suggère un processus d’enfermement de l’âme (du croissant) au sein de la matière (de la croix). En d’autres termes, il représente un processus de cristallisation. D’ailleurs, en coupant et en fauchant, la faucille incarne, dans sa dimension négative, les forces d’obstruction empêchant l’être d’atteindre sa pleine maturité et le cantonnant dans un état de médiocrité. De même, elle évoque les forces de la mort qui stérilisent et annihilent toute perspective d’avenir, le grain fauché ne retournant plus à la terre.