LE MYTHE GREC DE LA VIERGE

HESTIA

La mythologie grecque nous rapporte à propos d’Hestia (associée au signe de la Vierge) qu’elle était la déesse du foyer domestique. Or le feu qui lui était consacré ne devait jamais s’éteindre et c’est pourquoi l’âtre était soigneusement entretenu dans toutes les demeures. Bien que désirée par plusieurs dieux, elle jura cependant de toujours demeurer vierge. Les récits antiques nous apprennent également qu’elle était la moins querelleuse des divinités olympiennes. En effet, sans vanité et sans agressivité, elle cédait volontiers sa place au banquet des dieux. Humble, discrète et charitable, elle se montrait enfin propice à tous ceux qui priaient avec ferveur et dévotion. Toutefois, malgré son vœu de chasteté, Priape, totalement ivre, essaya un soir de la violer dans son sommeil. Un âne, à proximité, se mit aussitôt à braire, réveillant la déesse qui le vit à califourchon sur elle. Il s’enfuit alors tout penaud.

      Sur un plan symbolique, Hestia incarne la conscience qui, tournée vers les réalités intérieures, entretient en notre être la lumière de l’esprit. L’état de chasteté caractérisant cette déesse évoque évidemment notre capacité à ne pas nous unir au monde extérieur en adoptant les valeurs qu’il propose (reniant du même coup notre essence profonde).

En outre, la mythologie nous rapporte qu’elle était la moins querelleuse des déesses. Cette particularité nous indique donc que la conscience dont elle est l’incarnation n’accorde pas une prééminence aux revendications de l’ego, laissant aux autres la possibilité d’exister sans contrainte et de s’exprimer dans toute leur authenticité.

    Quant à Priape, le second personnage mis en scène dans ce récit, il évoque les pulsions instinctuelles associées à l’ego et animant la dimension psychique. A ce titre, il était d’ailleurs doté d’un organe sexuel démesuré que les femmes célébraient au cours de grandes fêtes appelées priapées, un mot désignant également des recueils de poésies grivoises consacrés au dieu lubrique.

Quoiqu’il en soit, il tenta en vain de violer Hestia. En d’autres termes, ces pulsions instinctuelles, échappant au contrôle de la raison (Priape était ivre), voulurent assujettir la conscience à leur pouvoir en profitant de ce que celle-ci avait cessé momentanément de se focaliser sur les plans intérieurs (Hestia s’était endormie).

    Toutefois, au moment crucial, un âne se mit à braire. Or cet animal incarne, dans sa dimension positive, une solide capacité à obéir et à servir. C’est d’ailleurs sur une ânesse accompagnée de son ânon que le Christ monta à Jérusalem pour obéir jusqu’à l’ultime :

“Dites à la fille de Sion [Jérusalem] : Voici que ton Roi vient à toi; modeste, il monte une ânesse, et un ânon, petit d’une bête de somme.”.

– Matthieu XXI, 5.

Dans le mythe qui nous intéresse, l’âne était pleinement éveillé puisqu’il s’exprima (il se mit à braire). En d’autres termes, si nous avons cessé momentanément de focaliser notre conscience sur les réalités intérieures (Hestia était endormie), il n’en demeure pas moins activement engagé dans le monde par notre esprit de service et de don.

    Or nous avons mentionné précédemment que cette aptitude à servir de manière gratuite et désintéressée permet de ne plus être soumis aux revendications des pulsions égocentriques.

Ainsi, en demeurant dans une attitude de service (même si nous avons cessé momentanément de participer aux réalités de l’esprit), nous échappons aux assauts instinctuels de notre nature inférieure. Plus encore, ces pulsions contribuent même à réveiller chez nous notre élan vers l’esprit (Hestia se réveilla et échappa ainsi à l’assujettissement égoïque dont elle aurait pu être victime).

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