L’ ANALYSE KABBALISTIQUE DE :

  

Le nom du Séraphin LeLaH (EL) est constitué d’un radical composé des lettres LaMeD, LaMeD et He à partir desquelles nous pouvons former le mot HeLaMeDLaMeD qui, prononcé hilél signifie « louer » ou « glorifier »,

« Je proclamerai ton nom devant mes frères, au milieu de l’assemblée, je te louerai (hilél)»

– Psaume XXII, 23.

qui, prononcé halél, désigne « l’hymne de louange » et qui,  prononcé helal, signifie « glorieux » ou « fameux ». De même, nous pouvons constituer le terme halal (HeLaMeDLaMeD) signifiant « luire », « briller » ou « resplendir ». Quant à la particule EL, elle place ce radical dans une perspective de relation à Dieu. Pour comprendre la mission particulière de ce Séraphin, voyons donc. plus précisément la signification symbolique de ces mots.

La  louange tint, en tout temps, une place très importante dans la liturgie judéo-chrétienne. C’est d’ailleurs ce dont témoignent notamment les psaumes de louanges tel que le psaume 145  (144) qui débute en ces termes:

«Je t’exalte, ô Roi mon Dieu, je bénis, ton nom toujours et à jamais; je veux te bénir chaque jour, je louerai ton nom toujours et à jamais; grand est le Seigneur et louable hautement, à sa grandeur point de mesure. Un âge à l’autre vantera tes œuvres, fera  connaître tes prouesses. Splendeur de gloire, ton renom ! Je me répète le récit de tes merveilles. On dira ta puissance de terreurs, et Moi je raconterai ta grandeur; on fera mémoire de ton immense bonté, on acclamera ta justice. Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère, et plein d’amour; il est bon, le Seigneur, envers tous, et ses tendresses pour toutes ses œuvres. Que toutes tes œuvres te rendent grâce, Seigneur, que tes amis te bénissent. ».

– Psaume 145 (144), 1-10.

Plus précisément, la louange est « l’expression naturelle de l’oraison intérieure, la psalmodie de l’âme ». La prière de l’Église s’est formée dans les couvents. Elle rythmait admirablement le jour et la nuit  d’une communauté monastique. Le peuple n’y participait que partiellement, le dimanche et les jours de fête, ce qui imposait aux laïcs un effort d’intériorisation, pour se retrouver dans le même rythme orant à travers leur temps de labeur et de  travail dans le monde. Au début,  l’eucharistie n’était célébrée que le Dimanche, le jour du Seigneur; les jours de la semaine comportaient les matines, les vêpres et les heures en suivant l’ordre de la prière synagogale. C’était la prière  de louange, étendue à tous les jours de la semaine, action de grâce inspirée de la contemplation des mirabilia Dei. La bénédiction sur le jour signifie que homme chaque matin restitue  à toutes choses leur sens biblique: être  créatures de Dieu destinées à le louer:

« Bénissez, car c’est à cela que vous avez été appelé. »

« Et  le soir, la bénédiction sur la nuit exprime l’émerveillement de l’homme: malgré ses défaillances, il est encore en vie, il peut encore remercier Dieu, car Dieu l’a secouru. La journée  vécue se présente ainsi d’emblée comme une parcelle de l’Histoire Sainte, de l’économie divine  du salut où l’homme a accompli sa tâche à lui confiée par Dieu. Elle reçoit un accent d’éternité, et comme un épi de blé, elle porte le soleil  dans chacun  de ses grains et plie sous le poids de sa propre mesure. Tierce, Sexte, None marque les neuvième, douzième et quinzième heure de la journée et opèrent le triple retour à Dieu au milieu des occupations des hommes, une pause qui ouvre le temps sur sa dimension liturgique et ouranienne. Les offices de Prime et de Complies, qui commencent et achèvent la journée, auront leur dernier accord au milieu de la nuit dans les Nocturnes, qui sont les vigiles de l’esprit, l’attente des vierges sages: ne-pas s’oublier, ne pas oublier l’Époux qui vient déjà et qui se tient à la porte.

 « Saint Jean Chrysostome parle profondément de la maison chrétienne comme d’un lieu de prière qui en fait une ecclesia domestica:

« Que ta maison soit une église; lève-toi au milieu de la nuit. Pendant la nuit, l’âme est plus-pure, plus légère. Admire ton Maître. Si tu as des enfants, éveille-les et qu’ils s’unissent à toi dans une prière commune, »

Même celui qui gaspille son temps et le tue, est mentionné, rappelé dans ces vigiles des orants. Ils portent dans leur mémorial devant la face du Père  les soucis des hommes et leur insouciance, leur souffrance, leur tristesse à leurs joies. Tout instant de notre temps se rajeunit et se rafraîchit à ce contact de feu des esprits en prière. La folle course  des aiguilles s’arrête sur le midi immobile de l’Amour, le cadran des mystères liturgiques recompose le temps et le rachète. Le temps se dirige vers son accomplissement. Chacune de ses parcelles, ainsi rythmée, apparaît sensée et créatrice de l’absolument nouveau, elle prêche et chante le Royaume. »

– Evdokimov, Paul, Les Âges de la vie spirituelle, Desclée de Brouwer, Paris, 1964

 En fait, nous pourrions dire que l’hymne de louange traduit l’admiration de l’homme envers Dieu. Il s’agit donc d’un mouvement d’adoration au cours duquel l’orant tourne son cœur vers le Créateur, focalisant tout son désir sur Lui, rejoignant dès lors le désir même de Dieu de s’incarner dans le cœur de l’homme.

Saint Jean Damascène affirmait à  ce titre:

« Dieu descend dan l’âme en prière et l’esprit émigre en Dieu. »

Sainte Thérèse écrivit, dans une perspective similaire;

« Prier veut dire frayer avec Dieu en ami ».

Ainsi, en louant Dieu, nous nous s’élevons vers Lui, établissant en outre un espace Lui permettant de venir à notre rencontre. Nous devenons alors « glorieux » et « fameux » pour reprendre le terme helal que nous avons également extrait du radical.

En effet, l’homme glorieux et fameux est celui qui est précisément investi par l’Esprit, communiant ainsi à la gloire du Seigneur puisque la gloire de l’homme n’est authentique et véritable que lorsqu’elle se fait l’expression de la gloire de Dieu. Pour s’en convaincre, rappelons que l’homme ne possède pas en lui-même la lumière, il ne resplendit donc pas par lui-même (pour reprendre un autre mot que nous avons extrait du radical). Il ne brille que dans la mesure où il reçoit en son cœur une lumière. Certes, il peut briller d’un faux éclat, mais il s’agit alors du rayonnement d’une fausse lumière conférée par l’Esprit dit Monde (par Satan- l’adversaire) qui accorde certes une certaine gloire, mais toute passagère, vaine, illusoire et éphémère. Ainsi donc, seule la lumière divine fait resplendir l’homme d’un véritable éclat, lui conférant une gloire authentique. Or cette lumière divine n’est autre que celle de l’amour exprimant la présence de Dieu dans le cœur de l’homme.

 Ainsi, le Séraphin LeLaH (EL) nous invite à offrir notre désir (notre cœur) à Dieu, à Le désirer et rien d’autre, assurant dès lors Sa présence au sein de notre être, sa louange permettant à l’amour de l’investir, transformant notre être en véritable temple tout empreint de la présence divine.

C’est alors l’expérience décrite par saint Paul:

« Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. »

– Galates ,20.

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